Aujourd’hui je visite L’Artisan Savonnier, à Massongex. Laurence Machot m’accorde un peu de temps, tout en s’activant au travail, qui presse.

Elle a démarré en 2008, juste pour fabriquer ses propres savons, avec la collaboration de son ex qui était laborantin. Mais d’après elle, faire des savons c’est comme faire des crêpes : quand on en fait, on n’en fait pas une seule. Ou bien lorsqu’on fait un gâteau on ne fait pas qu’une seule tranche de gâteau. Faire des savons c’est donc comme faire un gâteau qu’on découpe en plusieurs tranches. Ces tranches, elle les partageait avec la famille et les amis, puis elle les a proposés sur les marchés. Elle a vu que c’était viable et ça fait 12 ans que cet artisanat lui permet d’être autonome tout en faisant ce qu’elle aime.
D’abord ce furent les savons, mais bientôt, pour donner suite à des demandes de sa clientèle, elle explora les savons liquides, les shampoings, les cosmétiques. Le fait d’être en lien direct avec sa clientèle lui permettait de voir venir les tendances. Le bio s’imposa très vite. Pour elle, les nouvelles idées, c’est un peu comme pour la cuisine : une bonne dose d’autodidacte saupoudrée de créativité sont au rendez-vous.
C’est une pionnière. Lorsqu’elle a commencé, elle était la seule sur le marché. Aujourd’hui elle considère que c’est plus difficile pour les personnes qui se lancent dans ce domaine. D’une part ça foisonne, d’autre part les normes légales sont de plus en plus exigeantes et contraignantes. Il y a l’obligation de déposer les formules au laboratoire pour faire valider ses formules et des contrôles du chimiste cantonal. C’est fini de vendre les quelques savons que fait une amie !


Elle est satisfaite de la marche et de la taille de son laboratoire. Elle aimerait juste diminuer la présence aux marchés et avoir plus de boutiques qui vendent ses produits, pour avoir plus de temps libre.
Son message pour les membres du Radis (et pas seulement) est clair : « Regardez ce que vous achetez, les étiquettes, les ingrédients, les provenances. Prenez conscience de ce que vous consommez ! Vous n’êtes pas la machine à sous de grandes corporations ! »
Drôle de synchronicité, en rentrant, j’allume la radio dans la voiture, chose que je fais rarement. Devinez quoi : je tombe sur une réflexion autour des fraises en janvier en provenance d’Espagne, pleines de produits chimiques et cultivées par l’exploitation de la main d’œuvre. Des réponses des auditeurs appelaient à devenir des consommateurs conscients. Puis un court enregistrement de Coluche a permis de l’écouter dire « Si vous n’achetez pas, ça ne se vendra plus. » Le message de Laurence est donc dans l’air du temps… Ana Maria
https://www.lartisan-savonnier.ch
* Anne -Françoise a repris le flambeau au départ de Laurence vers d’autres horizons.
